Réflexions du Professeur Jacques Ngangala Balade Tongamba
Il se tient depuis le début de cette semaine un atelier relatif à la définition des curricula dans le secteur de l’ESU à la suite des dernières résolutions des Etats Généraux de Lubumbashi. C’est par trois fois que j’ai été contacté par des amis m’appelant à titre individuel de les rejoindre pour le domaine de la philosophie. Ne pouvant pas les rejoindre pour des raisons de convenance personnelle, j’ai pu réunir ces quelques indications comme contribution à l’élucidation de la question de la professionnalisation des études philosophiques à l’Université congolaise.
Les études philosophiques, tout comme les études universitaires, ne forment pas à un métier spécifique mais à des compétences qui ouvrent à plusieurs professions ou métiers possibles. Si on veut apprendre un métier quelconque à l’université, on s’inscrit à une école qui forme aux compétences professionnelles spécifiques.
Dans le cas des études philosophiques, à quelles professions ouvre-t-elle ? Répondre à cette question présuppose l’identification des compétences que les études philosophiques offrent à ses apprenants ?
La philosophie discipline scientifique visent la recherche de la vérité. Cette dernière est soit théorique (l’aspect métaphysique de la philosophie en tant que savoir radical) soit la vérité pratique (l’aspect morale qu’on appelle aussi la philosophie pratique).
De ce qui précède, les compétences attendues sont d’ordre académique et éthique. Les études philosophiques offrent toutes les capacités dévolues à tout chercheur dans le domaine du savoir en général (recherche fondamentale) et les compétences d’ordre éthique pour la moralisation de la vie publique sous tous ses aspects (éthique appliquée).
La pensée critique (dialectique) et systématique couplée à l’histoire des idées fournit au philosophe les fondamentaux pour aborder les questions éthiques qui se posent à la société dans tous ses aspects, qu’ils soient économique, politique, médical, environnemental, juridique, géostratégique, socio-culturel…
L’étudiant en philosophie sera préoccupé par la maitrise des outils méthodologiques (argumentation, précision, attitude problématique, analyse, description, utilisation d’exemples et de contre-exemples, utilisation de la logique … ) en s’appuyant sur l’approche dialectique (disputationes ou mise en question de certaines évidences) et l’exploration des pensées contenues dans des grands textes de l’histoire de la pensée dans sa complète distribution spatio-temporelle ( de l’Egypte africaine antique au monde d’aujourd’hui, Afrique et RDC sous-entendus).
De ce cursus, l’étudiant en philosophie, au terme de sa formation aura deux atouts importants : le premier est cette ouverture de pensée à l’universel aiguisant en lui la modestie et la tolérance ; le second est la capacité de résilience en face des difficultés qu’il n’escamote pas mais démonte critiquement.
Un tel profil le prédispose aux professions à compétences transversales comme l’enseignement (universitaire et secondaire), la recherche (fondamentale et appliquée), le conseil dans les instances des décisions (développement durable, bioéthique, santé publique, gestion, droit, économie, finance, administration publique ou privée…)
Telle est notre petite contribution que nous avons envoyée à nos amis siégeant à cet atelier.
Fait à Kinshasa, le 12/11/2021